Nolwenn Leroy a deux bébés: un petit garçon prénommé Marin, qui est né en juillet dernier, et un tout nouvel album intitulé « Gemme ». On l’avait laissée au fil de l’eau, « Ô filles de l’eau », on la retrouve maman d’un petit Marin, né en juillet dernier, et plus nomade que jamais. Elle est comme ça, Nolwenn Leroy, entre deux albums, elle se fait rare, très rare. Un peu comme la « Gemme » (une pierre fine) qui donne son nom à ce nouvel album, qu’elle décrit comme la « quintessence » de celles qui l’ont précédée et qu’on découvre aussi puissante qu’onirique, sur fond de pop anglaise. Bref, un vrai petit bijou !
Interview...
S’il est bien une chose que vous avez en commun avec le « Gemme » de votre album, c’est la rareté. Entre deux albums, c’est tout juste si on entend parler de vous. C’est une volonté de votre part ?
Au moment de commencer à travailler sur un album, j’ai besoin de me mettre en retrait, de disparaître. Comme je ne suis pas très «réseaux sociaux», pour le coup, c’est comme si je disparaissais vraiment. Dès le début, j’ai su que je devais cultiver ma différence. D’abord, parce que c’est grâce à elle que j’ai été sélectionnée pour la Star Ac’. Je n’avais jamais fait de castings, je sortais tout droit du Conservatoire, je n’avais vraiment pas le profil « téléréalité ». Je dirais même que j’étais un peu l’anti-candidate. Et pourtant, c’est moi que le public a choisie. Ça m’a fait comprendre, très tôt dans ma carrière, que ma différence pouvait aussi être un atout. En même temps, ce n’est pas quelque chose que je cultive, c’est ma nature, tout simplement. J’ai ce côté breton, un peu taiseux. J’ai été élevée comme ça.
En ce moment, vous conjuguez promo et allaitement. Ce n’est pas un peu beaucoup ?
Je suis un peu comme toutes les femmes, je fais ce que je peux, comme je peux. La maternité, ce n’est pas quelque chose qui se programme ou, en tout cas, ce n’est pas quelque chose que moi, dans ma vie, j’avais envie de mettre à mon planning, comme on programme un rendez-vous d’affaires. Ce bébé n’était pas prévu mais on a laissé faire les choses. Je n’avais pas non plus envie de repousser la sortie de l’album. C’est comme ça que je me suis retrouvée à faire de la promo enceinte jusqu’aux yeux. C’est un paradoxe pour moi, qui suis d’une nature très discrète, que de m’être retrouvée à vivre ce moment très important de ma vie dans la lumière. Heureusement, le public, qui me suit depuis maintenant 15 ans, s’est montré extrêmement bienveillant. Je crois qu’il savait combien ça me coûtait d’être très présente à ce moment précis de ma vie. Ce qui m’a peinée, ce sont tous ces magazines qui ont titré: « Nolwenn affiche sa grossesse ». Quand on est une femme enceinte, on est enceinte et ça se voit. On n’affiche rien du tout. C’est la vie, c’est tout.
Devenir maman, c’est accepter de ne plus tenir le premier rôle dans sa propre vie. En tant qu’artiste, comment vit-on cette révolution ?
Je ne me suis jamais sentie aussi forte et, dans le même temps, aussi vulnérable. On ne peut pas imaginer aimer autant un petit être qu’on connaît depuis si peu de temps. C’est à la fois un amour immense et une peur presque aussi grande. Particulièrement, quand on fait un métier comme le mien, où on est hyper égocentrique, où tout tourne tout le temps autour de sa petite personne, ça remet beaucoup de choses à leur place. Ça modifie complètement l’ordre des priorités. Mais ce qui me marque le plus, c’est de ne plus être la « prochaine génération ». Je suis toujours la fille de ma mère mais je suis aussi la mère de quelqu’un. C’est très troublant. Pour moi, ça a été quelque chose de très angoissant. Ne plus être de la génération des « enfants », ça donne un coup. Il y a tout ce que ça veut dire en terme de responsabilités mais aussi, tout à coup, je suis de la génération des mères, de ma mère. Mais bon, c’est aussi moi qui suis comme ça, je vois toujours le verre à moitié vide, les trucs angoissants en premier.
Ce caractère un brin angoissé, comment le combattez-vous ?
J’écris des chansons ! Il y a beaucoup de choses, en ce moment, qui nous tirent vers le bas. On vit des situations, parfois, dont on se dit qu’il n’y a plus de mots pour les dire. On se sent à court de tout. C’est pour ça que si l’art en général, et la musique en particulier, peuvent incarner cette petite chose de beauté qui subsiste, ce n’est déjà pas si mal. Ce n’est pas du tout superficiel, bien au contraire. C’est dans ces moments-là, justement, que l’art prend tout son sens. Ça fait partie de ces choses auxquelles on peut espérer s’accrocher. Ça et la chance qu’on a de vivre sur cette Terre, d’y être de passage et de profiter de sa beauté, même si on est très loin de la protéger comme on le devrait.
C’est par amour de la nature que vous vivez désormais dans le sud de la France ?
La Provence, c’est la terre de mon homme, même s’il est devenu Breton de cœur. Heureusement qu’il y a le vol Marseille/Brest ! De toute façon, le Sud, j’y vis sans vraiment y vivre. J’ai toujours été un peu nomade et je le reste. Quand on me demande, je dis que j’ai un B.T.T, un bébé tout terrain. Depuis que Marin est né, on est tout le temps en vadrouille ensemble. J’aime penser que je vis partout et nulle part. Je ne sais pas si ça tient à la rupture familiale que j’ai vécue quand j’étais enfant mais je n’ai jamais eu vraiment l’impression d’avoir un chez-moi à moi. Très tôt, j’ai été amenée à me détacher des choses mais ça ne m’a jamais traumatisée. Je me sens chez moi auprès des gens que j’aime. à partir du moment où je peux évoluer entourée de leur bienveillance, en sécurité, je me sens à la maison. Je ne sais pas, même si ça me fait rêver parfois, si je pourrai un jour me poser réellement quelque part.
Interview « Gemme »
Un moment précieux ?
Les veillées d’été avec la famille. Quand le soir, on mange dehors, que tout le monde raconte des blagues et que, pendant ce temps-là, on peut aussi regarder les étoiles.
Une chanson précieuse ?
Une chanson de Kate Bush. C’est une artiste qui a beaucoup compté pour moi, dans mon enfance. Maman écoutait beaucoup Kate Bush et je me revois toute petite déjà, puis plus grande, complètement fascinée par les pochettes de ses vinyles. Elle a cette chanson sur la maternité, « Breathing », qui est superbe.
Un endroit précieux ?
La Bretagne évidemment mais, plus encore, la Bretagne de mon enfance. Toutes ces heures passées à crapahuter dans les rochers, les odeurs, la mer, les côtes de granit rose. à chaque fois que je sors de l’avion à Brest, je respire un grand coup et je me dis: « Ça y est, j’y suis ». Je me sens tout de suite requinquée.
Un moment précieux ?
Tous les moments que je passe avec mon fils. Quand je suis avec lui, plus rien n’est important. C’est un sentiment dont on entend souvent parler, qu’on s’entend souvent décrire, mais tant qu’on ne l’a pas vécu soi-même, on ne peut pas savoir combien c’est incroyable.
Quelque chose en elle de Johnny
Vous avez participé à la compile hommage au Taulier, « Quelque chose en nous de Johnny Hallyday ». Laquelle de ses chansons avez-vous choisi d’interpréter ?
« Quelque chose de Tennessee ». J’aime tout le répertoire de Johnny mais tout particulièrement cet album que lui a écrit Michel Berger. Ce que j’adore le plus chez Johnny, c’est son côté «force tranquille». J’aime bien quand il retient les chevaux, peut-être parce que c’est ce que j’ai dû apprendre à faire avec ma propre voix. C’est une chanson qui me plaît vraiment beaucoup et, jusqu’à ce jour, je n’avais jamais eu l’occasion de la chanter. Ce qui m’a fait y aller, c’est que c’est un projet qui est orchestré par Johnny lui-même. Il a fait plus que donner son aval, puisqu’il a même prêté ses musiciens pour les enregistrements. Je sais qu’il a écouté les chansons et qu’il les a beaucoup aimées.
Mais qui est le champion qui partage la vie de Nolwenn ?
Arnaud Clément est un joueur de tennis français, né en 1977. En 2007, il remporte le Tournoi de Wimbledon. En 2012, il devient capitaine de l’équipe de France de tennis. Le tennisman et la chanteuse se sont rencontrés en 2008, un peu par hasard. Quelques mois après le début de leur love story, ils l’officialisent sur le court de Roland-Garros, où ils partagent un tendre baiser. Depuis, ils veillent jalousement sur le secret de leur vie privée. Ce qui ne les a pas empêchés, pas plus tard que le 12 juillet dernier, d’annoncer la naissance de leur premier enfant. Un petit garçon qu’ils ont baptisé Marin, en hommage à la mer et à la Bretagne éternelle qui tient désormais une place toute spéciale dans le cœur d’Arnaud.