La Dépêche du midi – Le florilège folk de Nolwenn Leroy

Dans son nouvel album, «Folk», Nolwenn Leroy reprend Leonard Cohen, Yves Simon, Nino Ferrer et autres brillants artistes des années 70. Un retour en arrière qui vise l’épure.

Son nouveau disque, Nolwenn Leroy, l'a conçu comme une «respiration» dans une carrière qui reste marquée par l'énorme succès de «Bretonne»…autre album de reprises.

Pourquoi avoir choisi de revenir avec un disque réunissant 13 classiques de la chanson ?

Aujourd'hui, tout sort de plus en plus vite. Il me fallait une parenthèse, comme le fut «Bretonne», pour avoir le temps d'écrire mes propres chansons. J'ai opté pour la période folk car elle me semblait comme une suite logique de mon album de chansons bretonnes sans en être le décalque.

Suite qu'on a dû vous réclamer vu le succès de «Bretonne»…

Bien sûr mais je ne voulais pas gâcher la belle aventure que fut ce disque… qui continue de très bien se vendre. Au départ, ce n'était pas un projet commercial. Le marketing n'avait rien à voir là-dedans. Mon seul moteur était la sincérité, l'authenticité. C'est ce qui en faisait la beauté.

Quels liens voyez-vous entre les deux disques ?

La nostalgie, la mélancolie. Les chansons bretonnes, j'ai vraiment baigné dedans durant mon enfance. Cela a marqué mon cœur et mes oreilles. Les années 70, je ne les ai pas connues mais on entendait ce genre de chansons à la maison. J'avais envie de faire plaisir à ceux qui aiment ce répertoire, parfois un peu oublié (qui se souvient de Jean-Michel Caradec et de sa merveilleuse «Petite fille de rêve» ?) et le faire découvrir à la jeune génération.

Ces chansons-là sont souvent à l'origine de bien des vocations de chanteurs…

Ce n'est pas mon cas dans la mesure où mon instrument était le violon classique. Je n'ai pas pratiqué le guitare-voix quand j'étais adolescente.

Dans vos souvenirs, quel est le morceau le plus important ?

«So far away from L.A.», de Nicolas Peyrac. Je l'ai beaucoup écouté dans ma jeunesse. C'est comme un film : on retrouve l'imagerie d'une époque, le côté hippie ; l'amour, la liberté, l'engagement politique. J'ai beaucoup voyagé avec cette chanson.

Vous reprenez aussi «Suzanne», de Leonard Cohen. Il fallait oser !

D'abord, c'est la version française, celle de Graeme Allright. Et je ne me suis pas posé la question comme ça. Ou plutôt je me pose des tas de questions quand je reprends une chanson. L'exercice est souvent qualifié de facile. Pourtant, c'est tout l'inverse. Une bonne reprise, c'est apporter une nouvelle sensibilité sans forcément prendre le contre-pied. Avec «Je ne peux plus dire je t'aime», de Jacques Higelin, c'était compliqué. Il faisait tellement corps avec son œuvre. Je me suis pourtant lancée parce que je trouvais le texte tellement poignant. C'est une merveille que j'ai essayé de restituer, comme les autres, de façon très simple, très dépouillée. C'est ça l'esprit folk : être «roots», viser l'épure, donner de la chaleur, être dans l'instantané, dans l'organique.

«Je t'aimais, je t'aime, je t'aimerais», de Francis Cabrel est plus récente que les autres chansons. Pourquoi l'avoir retenue ?

Parce que l'intégralité du répertoire de Francis est folk. Et parce que cette chanson est liée à une histoire particulière que j'ai vécue cette année. J'ai perdu quelqu'un de très proche et je voulais lui dédier cette chanson tellement émouvante.

Album « Folk » de Nolwenn Leroy (Mercury/Universal).

Tournée française à partir de mars 2019.

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