La Provence – Nolwenn Leroy à Châteaurenard : « Ce que j’aime c’est raconter des histoires »

Avec « Folk », Nolwenn Leroy défend la cohésion de son parcours, le folk puisant à l’origine dans la musique celtique.

 

En novembre dernier, Nolwenn Leroy passait au Silo à Marseille avec son album Gemme. Le même mois, elle présentait son nouveau disque Folk, un album de reprises dans lequel elle chante Jacques Higelin, Nino Ferrer, Nicolas Peyrac ou Francis Cabrel, et célèbre le répertoire folk français. C'est avec ce tout frais projet et ces "chansons intemporelles, madeleines pour beaucoup de Français" que la Bretonne passe à Châteaurenard cette semaine, troisième date de la tournée. Entretien avec l'artiste qui vit "à moitié" en Provence où son coeur balance depuis sa rencontre avec son compagnon et père de son enfant, le tennisman Arnaud Clément.

Comment vous sentez-vous avant une nouvelle tournée ? 
Nolwenn Leroy : 
Toujours angoissée, c'est un peu ce qui me caractérise. Mais c'est bien, ce n'est pas rien que de se retrouver face à un public. Les années passent mais la boule au ventre est toujours là.

Comment ça s'explique ? 
Nolwenn Leroy : 
C'est l'envie, le bonheur de se retrouver là et d'avoir conscience que ce moment est extraordinaire et qu'on a beaucoup de chance de faire ce métier. On est anxieux à l'idée de se retrouver sur scène mais de manière positive. C'est comme avant un rendez-vous important avec quelqu'un que l'on aime.

Votre tournée précédente s'est terminée il y a peu. Comment glissez-vous de l'une à l'autre ? 
Nolwenn Leroy : 
C'est vrai, je n'ai pas disparu très longtemps. J'ai quitté la scène avec l'album Gemme, fin novembre et me revoilà avec ce projet qui est un peu une parenthèse entre mes albums de compositions originales, l'album Folk. C'est un album tellement riche musicalement, je ne me voyais pas ne pas faire une tournée autour de ce projet-là. Sur scène, il y a un vrai climat, un parti pris, tout en délicatesse et en subtilités, très acoustique.

Vous reprenez des chansons du répertoire des années 70. Y voyez-vous un enjeu de transmission ? 
Nolwenn Leroy : 
C'était le cas d'une certaine manière avec Bretonne (son quatrième album sorti en 2010 et vendu à un million d'exemplaires, ndlr)... Il y a des chansons sur l'album Folk qui sont très connues, d'autres un peu plus oubliées. J'aime l'idée de me voir comme une sorte de passeuse, quand on raconte des légendes et quand on se passe des histoires de génération en génération... C'est la même chose avec les chansons et les mélodies. C'est une façon de continuer à faire vivre ces chansons. Une chanson quand elle n'est plus chantée ou qu'on ne l'écoute plus, elle meurt finalement.

Dans l'interprétation que vous en faites en tant qu'auteur-compositeur, vous dîtes que ce sont "des chansons que vous aimez chanter comme si c'était les vôtres"... 
Nolwenn Leroy : 
On a tendance à penser qu'il y a une certaine forme de facilité à reprendre les chansons d'autres artistes. Moi, je revendique le fait qu'il n'y a aucune facilité à chanter les chansons des autres, c'est même plutôt l'inverse ! C'est plus difficile de s'attaquer aux classiques du répertoire. C'est plus simple de chanter ses propres chansons, on offre sa version, une version inédite. Forcément, il y a une forme de pression mais je m'en nourris dans mon écriture. C'est toujours enrichissant, il y a eu l'avant et l'après Bretonne, ça m'a fait grandir d'une certaine manière. Et travailler autour de la folk music, c'est un pur plaisir. On pense souvent aux chansons américaines plus qu'à la scène française, mais le répertoire des années 70, c'étaient des chansons magnifiques. Et une époque aussi qui m'inspire. Il y avait une forme d'insouciance, peut-être plus qu'aujourd'hui.

Est-ce que la folk music a été une source de réconfort ? 
Nolwenn Leroy : 
Bien sûr ! Je me dis que s'il y avait un album à emmener sur une île déserte, ce serait un album folk. Ce que j'aime par-dessus tout quand j'écris des chansons, c'est raconter des histoires. Et c'est exactement ce qu'on fait dans la folk. C'est l'Amérique des pionniers, les story-tellers, les raconteurs d'histoires, une mélodie, une guitare, une voix. Bob Dylan, Leonard Cohen racontent des histoires, c'est le cas aussi de tous ces artistes français.

Cette "parenthèse" vous laisse du temps pour vos compositions. Quelles sont les bonnes conditions pour écrire ? 
Nolwenn Leroy : 
Réussir à prendre un peu de recul et ne pas toujours être dans l'action. On a besoin d'observer le monde, je n'arrête jamais de prendre des notes. Mais j'ai toujours eu du mal à concilier la phase de création à la scène. Encore plus aujourd'hui avec la vie que je mène, familiale et professionnelle, qui est quand même... bon... c'est rock'n'roll de se retrouver sur scène avec un nourrisson et en tournée ! Il y a un moment pour tout.

Informations pratiques : samedi 23 mars à 21h. De 35 € (prévente) à 48 € (sur place). Salle de l'étoile à Châteaurenard.

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