Un nouvel album, des projets de concerts en Bretagne, Nolwenn Leroy se souvient de ses racines dans les Côtes-d’Armor.
Quels souvenirs avez-vous de votre jeunesse dans la région ?
Ils sont importants. Même si mon enfance s’est partagée entre Brest d’abord puis Guingamp. J’y suis arrivée au début de mon primaire et j’y ai passé toutes ces années d’école avec beaucoup de souvenirs. Pour moi c’est le cœur de mon enfance à l’école du Château à Guingamp. Les cours de danse de chez Evelyne Vallin, et aussi les cours de théâtre. Bien sûr l’équipe de foot où jouait mon père à En Avant. Et les week-ends on allait à la plage à Perros-Guirec.
Je prenais aussi des cours d’équitation au-dessus de chez moi, c’est là que j’ai chopé le virus qui ne m’a jamais quitté. Jusqu’à en faire ma pochette d’album.
Vous étiez venue il y a neuf ans tourner un clip à la chapelle du Yaudet, à Ploulec’h, quel souvenir en avez-vous ?
C’était pour le clip de Juste pour me souvenir, c’était très beau avec les ex-voto, la plage. J’avais adoré le rendu de ce clip.
Vous arrive-t-il d’y revenir ?
Bien sûr, mais je reviens plus dans le Finistère sud. C’est là que j’ai le plus de famille. J’ai moins gardé d’attaches dans les Côtes-d’Armor, mais j’ai des amis à Saint-Brieuc et j’adore les Côtes-d’Armor.
Dans ce nouvel album, il y a des signes celtiques ?
Toujours, même si l’album Bretonne était vraiment identifié comme tel, la musique celtique fait partie de mon ADN. J’ai toujours ce besoin d’avoir la présence de certains instruments, certaines sonorités. De chanter certains mots qui m’évoquent la mer et la Bretagne, c’est une source d’inspiration inépuisable.
Avec le sonneur Kevin Camus, on y a travaillé à la toute fin des sessions de l’album. Benjamin Biolay n’avait jamais eu l’occasion de travailler avec ces sonorités et il m’a dit : ça pourrait être super cette couleur là sur certaines chansons. On a fait ça sur trois titres et Kevin a improvisé et trouvé juste ce qu’il fallait.
Comment Benjamin Biolay a-t-il ressenti ça ?
Ce qui nous lie avec Benjamin c’est qu’on a tous les deux fait le conservatoire, c’est vraiment un génie créatif. Pour lui l’idée d’apporter de nouvelles sonorités, d’avoir une recherche au niveau du son avec de nouveaux instruments, dont ces instruments celtiques, était très bonne. Comme c’était mon album, il s’est dit que ça ne pouvait qu’apporter quelque chose en plus et de singulier.
D’ailleurs c’est ce qui m’a intéressé avec Bretonne et les albums qui ont suivi d’apporter et d’ouvrir ces instruments qui ont une variété harmonique très intéressante même pour d’autres univers. Il y a une véritable modernité, c’est ce que je ressens quand je vois défiler les bagadoù au Festival interceltique. C’est intéressant de mélanger aussi ces instruments avec des musiques qui ne sont pas celtiques. Et ça marche.
Vous attendiez quoi du travail de Benjamin Biolay avec vous ?
Je savais que j’avais la chance d’être à côté d’un musicien immense. On avait des points communs. On ne savait pas ce que cela allait donner. On s’est retrouvé en studio et on a vu ce que ça allait donner. Je fonctionne toujours de cette façon-là. Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rencontres.
Au départ, on ne s’est rien fixé, on est resté très libres et le plus naturel possible. On va voir ce que ça donne et on voit où ça nous mêne. On a fait une première chanson et, à chaque fois que l’on se retrouvait, on avait de nouvelles idées. L’album s’est fait comme ça. Je lui ai laissé les rênes de l’album, ce que je n’avais pas fait depuis ma collaboration avec Laurent Voulzy il y a vingt ans. Et j’ai adoré.
Parlez-nous de la chanson La Cavale ?
C’était un texte que j’avais écrit à la fin du confinement sur Brest au départ. Après avoir chanté la chanson de Miossec, j’avais envie d’écrire quelque chose sur cette ville. Et je voulais faire un hommage à Christophe aussi. Il est décédé à ce moment-là à Brest. Nous en avions tant parlé ensemble, mais il ne la connaissait pas et, pour moi, sa disparition a été très dure.
À la fin de l’enregistrement on n’avait pas écrit de piano voix sur l’album et Benjamin a suggéré que ce serait bien. Je suis arrivée avec le texte et lui a mis la musique et le titre de l’album s’est imposé à ce moment-là. Est-ce que ce n’est pas ce dont on a envie de partir au grand galop sans se retourner ?
Un de vos rêves c’est de chanter dans la forêt de Brocéliande, pourquoi ?
Oui c’est un endroit que j’affectionne et qui me fait rêver depuis que je suis toute petite. C’est le domaine de l’imaginaire, les légendes ont accompagné mon enfance. C’est ce rêve de faire des concerts en plein air dans des lieux insolites en France. Le premier c’est Brocéliande. Un jour peut-être…
Et les Vieilles Charrues, pourquoi n’y êtes-vous pas programmée ?
Moi, ça me tente. Eux, moins. J’espère un jour. Tout le monde y pensait pour Bretonne et je n’ai pas eu la chance d’y être invitée. Cette année avec mon nouvel album non plus !
En tant que Bretonne et en tant qu’ancienne festivalière, c’est avec un pincement au cœur que je découvre la programmation sans que j’y sois.
Nouvel album
La Cavale