SoirMag – Nolwenn Leroy: «Je ne suis pas spectatrice de ma vie»

Elle revient sur un air de « Folk », à la faveur d’un album de reprises autant que d’un exercice tout sauf « facile ».

Un an après la sortie de « Gemme », la chanteuse est de retour avec un opus intitulé « Folk ». Fini les pierres précieuses puisque, pour cet album entièrement constitué de reprises, la maman de Marin a collecté des pépites folk qu’elle distille de sa voix sublime. Pas (trop) dans la nostalgie mais plus dans l’hommage, de Nino Ferrer à Nicolas Peyrac en passant par le monument Higelin. Un coup de chapeau, sur un mode aussi tendre que contemporain, à ces chansons populaires qu’on aime tant et qui, comme ce fut le cas pour celle qui les ramène à la vie, ont participé à la construction de notre maillage affectif, à notre supplément d’âme.

 

C’est votre deuxième album de reprises, après « Bretonne ». Il manquait quelques titres encore à votre panthéon musical ?

Effectivement, je vois cet album un peu comme l’extension du travail que j’avais commencé sur « Bretonne ». Ce sont des chansons qui réveillent une certaine nostalgie en chacun d’entre nous. Elles font vibrer le cœur et l’âme, elles réchauffent les jours de pluie. Elles font partie de notre bande originale à tous. Il y a des gens qui pensent que faire un album de reprises, c’est facile. Moi, je vois ça plus comme un laboratoire, une expérience grâce à laquelle j’apprends des choses, où je me renouvelle. J’y trouve une forme d’inspiration pour mes propres chansons, ma propre écriture. C’est pour ça que cet album est finalement très cohérent avec le reste de mon travail, comme « Bretonne » l’a été. C’est un projet qui m’a tellement apporté. Ça m’a donné confiance, j’y ai gagné des ailes, bien au-delà de tout ce que j’aurais pu imaginer, mais c’était tout sauf un projet facile.

Dans quel esprit avez-vous abordé cet exercice particulier ?

Je voulais un album avec zéro minauderie et, en toute humilité, pouvoir donner ma propre lecture de ces titres. Je ne voulais pas que ça sente la rose mais plutôt le géranium, revenir à l’essence des chansons, aux textes et aux mélodies. Je ne parlerai pas d’un disque dépouillé mais plutôt de quelque chose d’assez brut, de presque organique. On n’a pas fait plus de trois ou quatre prises par morceau. On n’a pas forcément pris la plus parfaite mais celle qui dégageait le plus d’émotion.

À propos de cet album, vous dites que c’était important de « rester présente ». Pourtant, dans le passé, vous n’avez pas craint de vous absenter. Entre « Gemme » et l’album qui venait juste avant, vous aviez laissé passer cinq années.

Oui mais aujourd’hui, on doit occuper l’espace tout le temps, quoi qu’on fasse. On ne peut plus s’absenter des années pour écrire. Je l’ai fait pour mon album précédent et, d’une certaine manière, je l’ai un peu payé. En seize ans, la façon qu’ont les artistes de porter leurs projets, de les faire évoluer, a considérablement évolué. Ça ne vaut pas pour des gens comme Cabrel ou Voulzy mais pour les artistes de ma génération, on ne peut plus se permettre de partir comme ça. C’est comme les réseaux sociaux. J’avoue, je me force un peu mais je ne peux pas ne pas y être. Ce n’est pas facile pour moi. Je n’ai jamais été spectatrice de ma vie. J’ai d’autres préoccupations : voire grandir mon fils de 15 mois, passer du temps avec ceux que j’aime, écrire de nouvelles chansons.

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